dimanche 25 février 2018

C'est le "petit printemps" (?)

Plusieurs signes étaient tangibles depuis une dizaine de jours, avant-coureurs du printemps en dépit des pluies à répétition : le "petit printemps" attendu à la mi-février était bien là. Des jours nettement plus longs, chants d'oiseaux à tue-tête, bulbes de printemps pointant hors de terre, premières fleurs des primevères (justement!), des pulmonaires, celles spontanées au jardin (pulmonaria longifolia) et les hybrides introduits (pulmonaria officinalis Opal et pulmonaria saccharata Majesté). Les arbustes n'étaient pas en reste: corylopsis pauciflora, pieris japonica Forest Flame...décidément très en avance.

Les jardiniers de grands jardins visités sur le littoral de Normandie, Bretagne...(qui bénéficient d'un climat doux) fixent à ce moment le lancement des travaux de "nettoyage": coupe de tiges fanées, rafraîchissement des massifs... Le "petit printemps": l'expression est jolie mais j'hésitais à intervenir, le retour du gel ayant été annoncé.  Patienter encore? Avec le risque sempiternel d'être ensuite "débordée", de prendre beaucoup de retard dans les choses à faire? Au fond ce n'est pas si mal de s'extraire lentement de l'hibernation.

Bien m'en a pris et il n'est pas trop tard au contraire pour pailler (au sens propre et figuré) les arbustes sensibles au froid, qui plus est récemment plantés et pas encore installés.  Avec la prochaine arrivée de ce froid sibérien, faudra-t-il réviser son vocabulaire?

 Le rhododendron moupinense originaire des forêts d'altitude (entre 2000 et 4000m) de Chine (Sichouan et Guizhou)

Très précoce en dépit de sa relative sensibilité au froid (-10° à -15°), installé à mi-ombre sous le couvert de chênes, abrité des vents du nord, le rhododendron moupinense sera en fleurs tout début mars. Si les 3 prochains jours le permettent...

vendredi 16 février 2018

Délices botaniques. Merci Gwen !

Le zardindesdelices, gwenzardin, vous connaissez ? Je ne saurais assez la remercier d'avoir mis en lien dans son article du 19 janvier dernier la formidable vidéoconférence de Francis Hallé : "Un arbre tout neuf" donnée en mars dernier lors de la 3ème édition de "Quand les arbres se font la malle" (week-end bisannuel de rencontres botaniques organisé par la Klorane Botanical Foundation (74). Je connaissais la renommée de cet éminent botaniste - médiatisé lors de ses expéditions sur la canopée des forêts tropicales - mais n'avais jamais eu l'occasion de l'écouter. Installez-vous confortablement sans être dérangés pendant une heure pour visionner la vidéo car...on en sort secoué ou à tout le moins remué.
 Un jeune hêtre planté en 2013 sur le talus, amené à dominer les repousses d'ormes  qui hélas ne durent pas au-delà de quelques années depuis la propagation de la graphiose. Qu'en dirait Francis Hallé?
Ses recherches et celles d'autres équipes internationales révolutionnent (le mot n'est pas trop fort) les connaissances sur l'identité et les performances du végétal dont celles concernant les arbres. J'avais bien relevé par expérience qu'un arbre, contrairement à nous, pauvres animaux simplets, avait la capacité de se régénérer et de rajeunir si je puis dire. (J'avais vu surgir d'un vieux pommier demi-tige en espalier, couché et pratiquement moribond, un rejet très droit et vigoureux ; quelques années plus tard devenu "un arbre" il donnait ses premières pommes qui se révélèrent être de délicieuses Winter Banana).  

La réalité est bien au-delà et Francis Hallé en parle à la fois avec maestria et simplicité (non dénuée d'une pointe d' humour qui fait penser à Raymond Devos). Depuis je regarde les grands arbres du jardin différemment, avec encore plus de respect. Comme l'ensemble des vidéoconférences des 2 éditions 2015 et 2017 de "Quand les arbres se font la malle" sont en ligne (lesplantessefontlamalle.wordpress.com), il y a de quoi nourrir notre passion et soif de découvertes avec les plus grands spécialistes. Très bonnes soirées!

mardi 13 février 2018

Incorrigible jardinière

On l'a lu maintes fois, on le sait et on fait quand même la bêtise... Acheter une hellébore en dehors de la période de floraison et donc sans l'avoir vu en fleurs ! En décembre passant un peu par hasard au rayon plantes d'une jardinerie et l'occasion faisant la larronne, je m'étais laissée tenter par une hellébore orientale simple pourpre (d'après l'étiquette). Une hellébore qui viendrait compléter fort à propos celles en place au pied de l'acer griseum (h.orientalis orangée, hybride Martine Lemonnier lie de vin) et s'intercaler entre des épimediums grandiflorum (caducs).

Damnation! Fallait-il être naïve et ne pas suspecter qu'une étiquette puisse être volage ou révélatrice d'une simple erreur lors d'un tri de semis. Un mois plus tard l'hellébore ouvrait une première fleur (très) double rose layette..... (peut-être opportune dans une scène romantique, mais là totalement incongrue).

 Une hellébore orientale simple "maison" issue de semis (h.purpurescens et h. orientalis blanche)

Ni une ni deux, un peu vexée je lui ai substitué une deuxième hellébore orientale orangée rapidement commandée sur le web. Perplexe j'ai eu peine à trouver au "bébé rose" une place..qui reste provisoire (au milieu de la coulée des hydrangeas). Plus sophistiquées que les simples à mon sens les hellébores orientales doubles ont tendance à faire "too much", voire à être un peu racoleuses. (Ceci n'engage que moi). Elles sont cependant très à la mode si l'on en juge les nombreuses nouvelles créations aujourd'hui commercialisées. 
 
 La même aussi jolie lorsqu'elle commence à monter en graines.

Pour le moment le "bébé joufflu" ne tient pas la comparaison avec les h.orientales simples rose et vert ou délicatement blanc rosé tellement plus gracieuses. Donc comme dit l'adage j'ai juré que l'on ne m'y reprendrait plus. 
Une autre hellébore orientale rose de semis glissée entre des fougères persistantes (dryopteris atrata)

samedi 10 février 2018

Oserai-je, n'oserai-je pas?

J'ai osé commander des arbustes relativement sensibles au froid relativement peu faciles à trouver : le rhododendron fragrantissimum (pour relayer le parfum des lonicera fragrantissima...) et le cornus hongkongensis tolérant jusqu'à -12° mais sensible aux vents secs et froids. J'ai passé commande sur un site web (que l'on m'avait conseillé et qui semble tenir sa Promesse, vu le soin de l'emballage, la vigueur des plants reçus....). La rapidité de l'expédition m'avait permis de les planter à un moment favorable, en janvier lors de températures de grande douceur. Mais maintenant?
Les boutons bientôt prêts à fleurir du rhododendron fragrantissimum

C'est un dilemme dans cette période incertaine de bouleversements climatiques d'introduire des plantes qui risquent de souffrir d'un excès de chaleur ou au contraire être atteints par un épisode glacial. Car les températures en réalité font des yo-yo, brutalement, remettant en cause la rusticité renommée d'une " zone littorale protégée" au climat océanique, classée 7 ou 8 voire 9 selon le classement. Le soin porté au choix de l'emplacement ne fera pas tout (cf. article précédent...). Je me rassure (un peu) à la pensée que si les températures restent plus froides, les jeunes feuilles des acer palmatum seront au débourrement plus colorées.

Et puis "pailler, pailler... il en restera toujours quelque chose". Hélène (rougecabane. cf commentaire de l'art.précédent sur l'erythronium) confirme l'intérêt du paillis de gravier observé chez une autre Hélène à Dublin. Ici outre les feuilles mortes des chênes (très abondantes), les bouquets d'aiguilles de pins cassés par le vent sont ramassés et déposés au pied des plantes acidophiles un peu fragiles. En faisant attention de laisser dégagé le pied lui-même.
 Hydrangea et crocosmia laissent l'air circuler au pied du prunus (le Vastérival) 
Une précaution sur laquelle insiste Dominique Cousin : laisser le collet libre à la base du tronc afin de ne l'étouffer. Son rôle est important dans les échanges gazeux entre la partie aérienne et la partie en terre de la plante.

mardi 6 février 2018

Au vent mauvais, quelquefois malheur est bon !

Après les températures trop douces et l'atmosphère quasi-printanière de ces dernières semaines, après  les pluies abondantes et sans cesse répétées qui ont incité les plantes à ne pas interrompre ou à reprendre trop tôt leur végétation, le vent glacial et tempétueux du nord-est remet "les pendules à l'heure".
 Les Pieris japonica "Forest Flame" en boutons depuis plusieurs semaines

Car il y avait à craindre comme l'an passé que des gelées tardives et brutales de seulement -1° à -5° abîment soudainement des plantes déjà en pleine sève et provoquent même dans certains cas leur dépérissement total et définitif...(y compris de plantes qui  supportent habituellement des températures très largement négatives de  -15° à -20° ainsi que l'explique Joseph Le Cam des Pépinières Botaniques Armoricaines).

Il n'empêche. Ce sera bientôt l'heure du verdict : a-t-on bien assuré la protection des jeunes plantes fragiles aux vents froids et desséchants ? Les filtres aux courants d'air et aux vents dominants créés par la plantation d'arbustes caducs très branchus - fusains, aubépines, noisetiers, amélanchiers, stephanandra tanakae... seront-ils suffisants?
 Les tout premiers chatons d'un jeune noisetier planté près d'un vieux cotoneaster lacteus (conservé) en bord de route.

Quant à la reconstitution de la haie libre et naturelle sur le haut du talus (les quelques vieux chênes, repousses d'ormes, deux sureaux ayant été seulement conservés), cette haie se reforme d'année en année depuis la suppression totale des 20 cyprès de Leyland qui se sont trouvés cassés et couchés au sol sous l'effet des tempêtes ! (Ces cyprès, quelle fausse bonne idée : combien voit-on aujourd'hui de haies vieillies, rabattues en trognes et plumeaux sur leurs tronc et branches principales, ou devenues totalement hors d'échelle par rapport à la surface du jardin). 

La replantation du talus a été une priorité au démarrage du jardin : merisiers, hêtres, érable champêtre, sureau, noisetiers. A leur pied j'encourage le développement du fragon épineux (ruscus aculeatus) déjà présent et qui à lui seul est capable de freiner toute intrusion.

Désormais en avant du talus l'acer palmatum, l'hamamellis Jelena, les grandes fougères persistantes ne sont plus bousculés. Et les frondes des polystichum setiferum gardent fière allure cet hiver....
  

dimanche 4 février 2018

En attendant l'erythronium

Une photo sur laquelle on a craqué ou la recommandation d'un grand (ou grande) jardinier (ère) sont parfois à l'origine d'un achat "coup de coeur", sans que l'on ait vu la plante "en vrai". En l'occurrence ce fut ici le cas de l'erythronium "Pagode" (un hybride  horticole de 2 espèces de la famille des Liliacées, originaires de la côte ouest des USA). Ce bulbe est aussi doté du fameux Award of Garden Merit de la Royal Horticultural Society. 

Une photo en gros plan de tiges courbes et graciles portant de fines fleurs de lys jaune pâle au coeur plus foncé avaient attiré mon attention sur cette bulbeuse (Anna Pavord. "Plants Partners". version française éditée par Sélection du Reader's Digest : "Accords parfaits").

 Une première tentative avortée ne m'a pas fait renoncer. Sans connaître pourtant la cause de l'échec : une trop grande sécheresse estivale alors que le bulbe avait été placé dans un lieu que je n'arrose jamais...? Les campagnols car dans le même temps le terrain s'en était trouvé infesté (comme beaucoup de jardins dans la région) ?

L'année suivante à Dublin dans le célèbre jardin d'Helen Dillon les erythoniums plantés au soleil (irlandais), émergeant çà et là d'un lit de graviers (à la fois drainant et gardant l'humidité) étaient magnifiques fin mars. Les belles touffes vigoureuses m'ont convaincu de tenter une nouvelle expérience. 
 En principe l'erythronium est recommandé pour la mi-ombre, les sous-bois clairs, fertiles, riches en humus... L'automne dernier 5 bulbes ont été plantés au pied du talus ombragé, assez espacés pour multiplier les chances... mais toujours proches de plantes que je surveille lorsqu'il fait très sec.  

Anna Pavord (op.cité) propose d'associer l'erythronium à des tapis de feuillages persistants car il disparait rapidement à la belle saison : asperule (galium odoratum), bugle rampante (ajuga reptans), pulmonaires...Ici les bulbes ont été rapprochés de petites fougères persistantes (polystichum tus-simense), d'epimediums, et de petits disporopsis (disporopsis pernyi, disporopsis jinfushanensis) que je viens à peine de découvrir ! 

J'ai aussi suivi le conseil de Didier Willery et Dominique Cousin en entourant chaque erythronium de quelques perce-neige (galanthus nivalis) qui d'après leur expérience ne sont pas croqués et repoussent les campagnols. Ce moyen de protection des bulbes sensibles par des perce-neige est largement employé au Vastérival. (Un tel procédé a été utilisé ici avec succès- protéger une plante par une autre répulsive - pour sauver mes derniers thalictrums : cf. article du 25 août 2017).  

Les perce-neige sont en train de sortir. Il faudra guetter le réveil des erythroniums et ne pas trop attendre pour les protéger des limaces auxquelles ils semblent plaire plus que de raison...